La phytothérapie correspond à l’utilisation des plantes sous différentes formes (tisane, gélules d’extrait sec, extraits fluide, teinture mère, baumes, huile essentielle,…) dans un but thérapeutique, préventif ou curatif.
La périnatalité est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé comme la période allant de la vingt-huitième semaine de grossesse au septième jour après l’accouchement. Actuellement, le terme “périnatalité” couvre une période plus large allant du désir de grossesse au sevrage. Durant cette période aussi particulière que naturelle, il n’est pas rare de voir survenir des bouleversements, parfois certains malaises inhérents à ce changement d’état. Toutefois, l’utilisation de remèdes allopathique est limitée puisque bon nombre d’entre eux sont déconseillés voir interdits pendant la grossesse et/ou l’allaitement. D’autre part, de plus en plus de personnes se tournent vers les médecines naturelles pour prendre soin d’elles, cet intérêt pour les médecines complémentaires s’éveillant souvent en cette période de remise en question qu’est l’attente d’un enfant. Nous verrons quelles solutions peuvent être apportées par la phytothérapie pour que ce processus visant à inviter et prendre soin d’un nouvel être humain puissent être vécu le plus sereinement possible.
Le désir de grossesse
Aujourd’hui en France un couple sur six a des difficultés pour avoir un enfant. Dans la plupart des cas, ils font appel à leur médecin pour les aider à concevoir. Les causes de l’infertilité peuvent être féminine, masculine ou mixtes. Selon la nature du problème, différentes techniques médicales peuvent être utilisées pour aider à la procréation. Mais avant d’envisager une prise en charge, il est généralement admis que six à douze mois d’essais infructueux sont nécessaires, puis si les problèmes persistent le couple doit alors consulter un médecin qui fera un bilan après interrogatoire et examen clinique. Ce bilan permettra ainsi de déterminer la ou les cause(s) de la stérilité et d’envisager la solution adaptée.
Toutefois, chez près de 10% des couples infertiles, aucune cause particulière de leur incapacité à concevoir n’est identifiée (infertilité inexpliquée). L’infertilité totale (stérilité) est rare. Il peut arriver qu’un couple n’ait aucune chance de procréer lorsque la femme connaît une ménopause précoce ou lorsqu’il y a absence totale de spermatozoïdes chez l’homme, mais le plus souvent l’infertilité est due à une certaine sous-fertilité, auquel cas il subsiste une chance de procréer naturellement, même si elle est très faible.
De plus, au cours d’une assistance médicale à la procréation, des incidents plus ou moins sévères peuvent survenir à chaque étape du processus de prise en charge, du fait des traitements administrés, des gestes de ponction et d’anesthésie. Enfin, certains couples conscients de leurs difficultés à procréer, ne souhaitent pas suivre ce parcours médical. Les approches naturelles se justifient d’autant plus que ce n’est pas en général un seul facteur qui empêche la conception de l’enfant : c’est une série de petits déséquilibres, qui ne pourraient en eux-mêmes provoquer l’infertilité, mais qui, combinés, réduisent fortement la probabilité pour la femme de tomber enceinte. Il serait alors judicieux de proposer une prise en charge alternative avant de se lancer dans le long parcours de la procréation médicalement assistée, tout en conservant cette éventualité en cas de résultat infructueux.
Infertilité masculine
Dans environ 30% des cas l’infertilité du couple trouve une origine masculine. Dans la plupart des cas on retrouve des anomalies au niveau de la quantité ou de la qualité des spermatozoïdes (oligospermie : <10 millions/ml, asthénospermie : défaut de mobilité chez >60% des spermatozoïdes, nécrospermie : >50% de spermatozoïdes morts, tératospermie : >50% de spermatozoïdes anormaux). Pour améliorer la fertilité masculine, les plantes ont été utilisées depuis des centaines d’années, avec un certain succès. La plupart des plantes adaptogène aident à nourrir le système endocrinien de sorte que toutes les hormones fonctionnent correctement. De plus leur effet sur la gestion du stress peut également lever des obstacles en terme de fertilité. Il est conseillé d’utiliser ces plantes pendant trois mois, avec des fenêtres thérapeutiques de 2 jours/semaine.
Ginseng, racine (Panax Ginseng)
Il améliore la libido, corrige la dysfonction érectile et améliore la performance sexuelle. En renforçant l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien et facilite ainsi l’équilibre hormonal, la gestion du stress, la fonction immunitaire. Il accroît la fermeté et la durée de l’érection ainsi que le taux de testostérone, la concentration et la motilité des spermatozoïdes.
Maca, racine (Lepidium Meyenii) Ginseng péruvien
La maca augmente la libido et améliorer la production des spermatozoïdes, elle augmente le volume séminal, le nombre de spermatozoïdes par éjaculat et la motilité des spermatozoïdes.
Ashwagandha, racine (Withania Somnifera) Ginseng indien
Elle inhibe la destruction des spermatozoïdes due au stress oxydatif en augmentant les niveaux de vitamines A, C et E (antioxydantes) dans le plasma séminal. Elle augmente les niveaux de cuivre et de zinc, métaux essentiels à la production de spermatozoïdes.
Elle augmente ainsi le nombre de spermatozoïdes mais améliore également leur mobilité.
Préparation : Mélangée dans du ghee (méthode ayurvédique) ou décoction ou gélules.
Damiana, feuilles (Turnera aphrodisiaca)
Aussi une adaptogène ayant une action sur les surrénales ainsi que les glandes sexuelles (testicules et ovaires) et régulant ainsi les troubles hormonaux. Elle augmente le nombre de spermatozoïdes, et diminue le nombre de spermatozoïdes anormaux.
Tribulus, partie aérienne et fruit (Tribulus terrestris)
Il régule le niveau de testostérone, améliore l’érection et le nombre de spermatozoïdes. Chez la femme, son action hormonale favorise l’ovulation (association avec la maca). Son utilisation sera toutefois de moins longue durée, ou avec des fenêtres thérapeutiques de l’ordre d’une semaine d’arrêt pour deux semaines de prise.
Astragale, racine (Astragalus Membranaceus)
Elle améliore la motilité des spermatozoïdes et leur concentration.
Ortie, racine et feuilles (Urtica dioica)
Elle augmente la quantité et la qualité des spermatozoïdes, et augmente le taux d’hormones sexuelles. De plus sa richesse en vitamines et minéraux comble des possibles carences à l’origine de la fertilité.
L’épilobe, feuilles (Epilobium Angustifolium, Epilobium Parviflorum)
Elle était recommandée par Maria Treben pour tous les troubles de la prostate (inflammations, infections, cancers). Son effet inhibiteur des prostaglandines est anti-inflammatoire.
Ces plantes pourront être prise en association (Ginseng, Maca, Tribulus ou Curcuma, Ginseng, Ortie), et avec d’autres éléments ayant un rôle dans la formation et la santé des gamètes :
- plantes à vitamine C (argousier, cassis, brocoli, goji, acérola, cynorrhodon)
- zinc, indispensable à la formation et la qualité des spermatozoïdes : huître cuite, huître crue, germe de blé, chocolat noir, graines de sésame, de courge, foie de veau
- vitamine A (rôle clé dans la spermatogenèse) : carottes, épinards, melo,, huile de foie de morue (prudence car très riche en vit A)
- vitamine D, mobilité et morphologie des spermatozoïdes : 20 min / j au soleil entre 11h et 15h + poissons gras + dosage et complémentation si besoin (50-60 ng/ml)
- vitamine B : levure de bière 2 càs / j
- vitamine E : 2 càs d’huile de colza + 2 càs d’huile d’olive / j, anti-oxydante
- lycopène : tomates (cuites), fruits rouges et complément
- poissons gras ou gélules d’oméga 3 marins (L’acide docosahexaénoïque ou ADH joue un rôle fondamental dans la formation et la motilité des spermatozoïdes)
- pollen
- gelée royale
Infertilité féminine
Chez une femme, le premier indicateur de sa fertilité est ses règles : sont-elles régulières ? Les saignements sont-ils trop abondants ? Ou trop peu ? Entraînent-elles des douleurs ou des désagréments (syndrome prémenstruel). Chez la plupart des femmes ayant des cycles irréguliers, une nervosité, de l’irritabilité on recherche une carence en progestérone, l’hormone indispensable à la grossesse puisqu’elle prépare la muqueuse utérine à la nidation. Un déficit en progestérone génère une situation d’hyper-oestrogénie relative et peut retentir sur la sécrétion de certaines prostaglandines (PgE2 provoquant une hyper-contractilité de l’utérus et du col utérin).
Plantes progestérone-like :
Gattilier, fruit (Vitex agnus castus)
Il régularise les cycles menstruels. Grâce à son action progestérone-like, il permet d’améliorer la seconde phase du cycle, la phase lutéale. Il est également calmant, et diminue les spasmes et l’activité du système sympathique. Cette plante est également proposée aux femmes dont la qualité de la réserve ovarienne est prématurément mauvaise.
Alchémille, toute la plante (Alchemilla vulgaris)
Activité anti-inflammatoire, légèrement emménagogue, elle régularise les cycles, notamment en cas de cycles courts pendant lesquels l’ovulation n’a pas toujours lieu. Son action décongestionnante, notamment du foie, est également recherchée dans ce contexte de retour à la fertilité.
En cas d’hyperoestrogénie vraie, on aura recours aux mêmes plantes progestérone-like (achillée, alchemille, gattilier).
Pour des cycles longs, ou l’absence de retour de règles après l’arrêt d’un moyen de contraception hormonal (type pilule) on cherchera également une carence en progestérone (plantes progestérone-like) auxquelles on ajoutera :
- HE Sauge sclarée : 1-2 gouttes en massage sur le bas ventre 1 fois / jour (oestrogène-like mais relaxante)
En cas d’hyper-progestéronémie (ou dysménorrhée membraneuse), cas plus rare, on observe des douleurs pendant les règles avec expulsion de lambeaux membraneux accompagnés d’hémorragie assez abondante.
- Bourse à pasteur, partie aérienne (Capsella bursa-pastoris)
- Ortie, feuilles (Urtica dioica)
- Armoise, feuilles (Artemisia vulgaris)
Une autre hormone, la prolactine, utile au déclenchement et au maintien de la lactation, a une action sur la sécrétion des gonadotrophines et peut entraîner des troubles de l’ovulation, voir une absence d’ovulation (effet recherché dans la MAMA Méthode d’Allaitement Maternel et d’Aménorrhée). Une hyperprolactinémie (avec galactorrhée) est réversible et peut être diminuée grâce au gattilier (activité anti-prolactine + calmante).
La prise en charge médicale reste indispensable de manière à chercher la présence d’un adénome au niveau de l’hypophyse pouvant être responsable de cette hyperprolactinémie.
En cas d’aménorrhée (absence totale de règles) l’alchémille (détente), l’armoise (antispasmodique) ont été utilisées en médecine populaire, et on recherchera une carence (protéines surtout) et un blocage émotionnel.
On peut noter aussi l’utilisation d’autres plantes :
Trèfle rouge (Trifolium pratense)
Le trèfle rouge est un des remèdes pour la fertilité les plus populaires. Riche en vitamines, en calcium et en magnésium, le trèfle rouge nourrit l’utérus et détend le système nerveux, ce qui favorise la conception.
Framboisier, feuilles (Rubus idaeus)
C’est un régulateur et stimulant de la fonction ovarienne dont il soutient la sécrétion, à la fois des oestrogènes et de la progestérone, et un régulateur thyroïdien. Il est excellent lorsqu’il est pris en même temps que le trèfle rouge.
Fausse licorne, racine (Aletris farinosa)
La racine de fausse licorne est un tonique reproducteur général. Elle rétablit l’équilibre hormonal chez l’homme et elle contribue à stimuler l’ovulation chez la femme.
Dong quai (Angelica sinensis)
Elle est utilisé depuis des milliers d’années par les femmes chinoises pour équilibrer le système reproducteur. La médecine moderne a constaté qu’il est riche en vitamine E, en cobalt et en fer, ce qui favorise la conception.
Pain de perdrix (Mitchella repens)
Elle tonifie l’utérus et tous les tissus pelviens chez la femme. Utile également en cas de dysménorrhées, et emménagogue (favorise le retour des règles). Chez l’homme, il tonifie la prostate et encourage la production de spermatozoïdes.
Actée à grappe noire, rhizome (Actea racemosa)
Elle est reconnue pour son effet oestrogénique, elle normalise l’activité du système reproducteur, notamment en cas d’insuffisance ovarienne ou d’ovaire polykystique.
Onagre (Oenothera biennis) et bourrache (Borago officinalis), huile issue des graines
Elles contiennent de l’acide gamma-linolénique (GLA), un acide gras essentiel (c’est-à-dire que l’organisme ne peut synthétiser) polyinsaturé oméga-6 qui est converti en prostaglandines PGE1. Cette substance proche des hormones participe à de nombreux processus fondamentaux comme le fonctionnement du système cardiovasculaire, du cerveau et du système hormonal ainsi que la régulation des processus inflammatoires.
Colza (Brassica napus), noix (Juglans regia), huile issue des graines
Elles contiennent de l’acide alpha-linolénique, également un acide gras essentiel, précurseur de la famille des oméga 3, des acides gras polyinsaturés (AGPI) définis, dont l’acide docosahexaénoïque (DHA) et l’acide eicosapentaénoïque (EPA), permettant la synthèse de PgE3 anti inflammatoires. Autre source : poisson gras (saumon sauvage, flétan, sardine, hareng, maquereau).
Notons aussi l‘utilisation des adaptogènes citées pour l’homme (Ginseng, Maca, l’ashwagandha, la damiana,…) et des revitalisant (Gelée Royale, Pollen, Spiruline).
Dans tous les cas d’infertilité on veillera en priorité à rééquilibrer l’alimentation et à une bonne hygiène de vie
- arrêt du tabac
- arrêt de l’alcool
- diminuer le café
- diminuer les acides gras saturés (action sur les androgènes)
- équilibrer son poids
- consommation de fruits et légumes colorés et frais (antioxydant) 8-10 / j
- équilibre acido-basique : contrôler avec des bandelettes pH puis équilibrer avec l’alimentation et des citrates alcalinisant
- drainage hépato-digestif complet avec radis noir, artichaut, boldo, chardon-marie (foie), ronce, noyer (pancréas), cresson, camomille (rate), aubier du tilleul, bouleau (reins)
- pratiquer une activité physique au moins 3h / semaine
- s’oxygéner, respirer en plein air, prendre le soleil 20 min / j
- attention à la pollution alimentaires : additifs, pesticides des cultures intensives, ogm, antibiotiques dans les produits animaux, oestrogènes dans les produits laitiers (préférer ceux des animaux plus petits : chèvre, brebis), et de l’eau de boisson (sous-produits de chloration, résidus d’hormones de pilule contraceptive)
- environnement : produits chimiques (perturbateurs endocriniens, solvants, formaldéhyde, bisphénol, teintures…) des produits ménagers, produits cosmétiques, vêtements neufs, certains plastiques même alimentaires, rayonnement ionisant, champ électromagnétique, vibrations des moyens de transport, métaux lourds (=> chlorelle, spiruline)
- gestion du stress : il diminue la fertilité, et l’incapacité à concevoir un enfant peut être très stressante et source de tension extrême => adaptogènes, plantes calmantes (valériane, passiflore, escholtzia), HE Basilic, Lavande, exercices de gestion du stress : sophrologie, auto-hypnose, respiration consciente, cohérence cardiaque, pratiquer des activités plaisantes
- oligo-éléments : Zn-Cu
- notion de chakra : Swadhistana chakra = chakra sacré, région du bas du dos : HE Cyprès, Encens, Marjolaine, Patchouli, Sauge sclarée, postures accroissant la flexibilité des hanches et du bassin pour faire circuler l’énergie dans cette zone, méditation, mantra “VAM”.
- équilibre émotionnel : quelles seront les conséquences de cette grossesse ? Qu’est-ce que ça renvoie aux futurs parents ? Peur, rancoeur, rapport à ses propres parents, responsabilité de la vie d’un enfant ? Passé, présent, futur ?
- Fleurs de Bach :
- Cerato, Plumbago, Ceratostigma willmotiona : doute de soi, a essayé tous les traitements possibles, cherche soutien et confirmation chez les autres
- Impatiens, Impatience, Impatiens glandulifera : attente difficile, tension et irritation
- Elm, Orme, Ulmus procera : découragement, doute, perte de confiance
- Willow, Saule, Salix vitellina : amertume, sentiment d’injustice
- Holly, Houx, Ilex aquifolium : jalousie, colère
Néanmoins, la consultation médicale gynécologique et médicale reste indispensable dans tous les cas afin d’éliminer toute lésion organique ou dysfonctionnement sévère (fibrome, polype, cancer, endométriose, MST, IST…).